2 février 2024

Journée mondiale du cancer

«Plus de deux tiers des enfants souffrant de cancer vont guérir»

À l’approche de la Journée mondiale du cancer, le 4 février, le Dr. Kevin Teerovengadum, chirurgien pédiatre chez C-Care Wellkin, met en lumière la réalité du cancer chez les enfants à Maurice. Avec des statistiques révélant environ 50 nouveaux cas annuels, il souligne les types de cancers qui prédominent, les signes à surveiller et les défis spécifiques du traitement pédiatrique. En partageant son expertise, le Dr. Teerovengadum donne un aperçu essentiel dans le contexte de la sensibilisation mondiale au cancer, rappelant que même chez les enfants, l’espoir et la guérison sont des réalités à atteindre.

Quelle est l’incidence du cancer chez les enfants ?
À Maurice, il y a environ 50 nouveaux cas par an (75 nouveaux cas si on inclut les adolescents). Les cancers chez les enfants sont beaucoup plus rares que les cancers chez les adultes.

Quels sont les types de cancers les plus fréquents chez les enfants ?
Les cancers du sang (les leucémies), les cancers des ganglions (les lymphomes) puis les cancers solides affectant différents organes : le cerveau, les reins, le foie, les os etc.

Quels sont les signes et symptômes auxquels les parents doivent être attentifs ?
Il est essentiel pour les parents d’être attentifs à tout changement inhabituel dans la santé de leurs enfants :

● Fièvre persistante sans explication apparente. ● Perte de poids inexpliquée. ● Fatigue constante. ● Douleurs persistantes, en particulier des maux de tête ou des douleurs osseuses. ● Élargissement des ganglions lymphatiques. ● Saignements inhabituels tels que des ecchymoses excessives, des saignements de nez fréquents ou des saignements des gencives. ● Problèmes oculaires : des changements dans la vision ou des taches blanches dans la pupille peuvent indiquer des tumeurs oculaires comme le rétinoblastome. ● Ces signes et symptômes peuvent toutefois être liés à d’autres problèmes de santé non liés au cancer.

En quoi consiste le dépistage précoce du cancer chez les enfants ?
Le dépistage a un rôle moins important chez l’enfant sauf dans certaines anomalies génétiques/chromosomiques spécifiques, par exemple, les leucémies sont plus fréquentes en cas de trisomie 21.

Pouvez-vous expliquer les différentes approches de traitement du cancer chez les enfants ?
Comme chez l’adulte, il y a la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Plus récemment, il existe, pour certains cancers, des thérapies ciblées : ces traitements visent spécifiquement les anomalies moléculaires présentes dans les cellules cancéreuses. Ils ont moins d’effets secondaires.

Quels sont les défis spécifiques liés au traitement pédiatrique par rapport aux adultes ?
● La sensibilité aux traitements : Les enfants, en particulier ceux qui sont très jeunes, peuvent être plus sensibles aux effets secondaires des traitements tels que la chimiothérapie et la radiothérapie. ● La croissance et le développement : Les traitements du cancer peuvent avoir des effets à long terme sur la croissance et le développement des enfants. Les enfants ayant survécu au cancer peuvent être confrontés à des effets à long terme tels que des problèmes de fertilité, des troubles cognitifs, des problèmes cardiaques, et d’autres complications liées aux traitements reçus pendant l’enfance. ● Le défi émotionnel et psychologique : Les enfants et leurs familles font face à des défis émotionnels et psychologiques considérables lorsqu’ils sont confrontés à un diagnostic de cancer. Les enfants peuvent avoir du mal à comprendre la maladie et à coopérer avec les traitements tandis que les parents doivent faire face à des décisions difficiles concernant le traitement de leur enfant.

Comment votre équipe et l’établissement médical soutiennent-ils les familles tout au long du traitement ?
L’enfant et la famille sont soutenus par des psychologues et des soignants, qui font preuve de beaucoup de patience et d’empathie, en plus de leurs compétences techniques.

Quels sont les services de soutien disponibles pour les familles d’enfants souffrant de cancer ?
Les équipes de soins pédiatriques comprennent souvent des professionnels de la santé mentale, des nutritionnistes et des spécialistes du développement pour aider les enfants à faire face aux défis physiques et émotionnels liés au traitement du cancer.

Quelles sont les dernières avancées en matière de recherche sur le cancer pédiatrique ?
● Le diagnostic précoce : Les avancées dans les techniques d’imagerie médicale telles que la tomodensitométrie (TDM), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la biopsie guidée par imagerie, ont permis un diagnostic plus précoce des cancers pédiatriques. Un diagnostic précoce est crucial pour un traitement efficace. ● Les thérapies ciblées : La compréhension des mécanismes moléculaires des cancers a conduit au développement de thérapies ciblées. Ces traitements visent spécifiquement les cellules cancéreuses, tout en minimisant les dommages aux cellules saines, réduisant ainsi les effets secondaires. ● La chimiothérapie moins toxique : Les protocoles de chimiothérapie ont été améliorés pour réduire les effets secondaires néfastes sur les enfants. Les chercheurs ont développé des schémas thérapeutiques moins toxiques, tout en maintenant une efficacité élevée. ● La thérapie génique : Les avancées dans la thérapie génique ont ouvert la voie à des approches novatrices pour traiter certains cancers pédiatriques. Des thérapies géniques telles que la thérapie CAR-T ont montré des résultats prometteurs dans le traitement de certains types de leucémies. ● La participation accrue des patients : Les progrès dans la médecine personnalisée ont également entraîné une plus grande participation des patients et de leur famille dans le processus décisionnel. ● La Société Internationale d’Oncologie Pédiatrique : L’organisation à l’échelle internationale s’est intensifiée. Les registres de données partagées, les essais cliniques internationaux et les collaborations entre institutions ont permis d’accélérer la recherche et de mettre en commun les connaissances pour améliorer les traitements du cancer pédiatrique. ● Une survie accrue : Grâce à ces avancées, les taux de survie des enfants souffrant de cancer ont considérablement augmenté au fil du temps. De nombreux enfants traités pour le cancer peuvent aujourd’hui espérer une guérison totale et une qualité de vie optimale après le traitement. ● Recherche continue : La recherche sur le cancer pédiatrique est un domaine en constante évolution. Les scientifiques continuent d’explorer de nouvelles voies de traitement, de mieux comprendre les causes sous-jacentes et de développer des approches plus ciblées et moins invasives.

Y a-t-il des mesures préventives que les parents peuvent prendre pour réduire le risque de cancer chez leurs enfants ?
Malheureusement, à part un mode de vie sain comprenant une alimentation équilibrée, des activités physiques régulières et ne pas les exposer au tabagisme passif, on ne peut prévenir les cancers chez l’enfant. Une exception : le vaccin contre le Virus du Papillome Humain que l’on administre aux garçons et aux filles avant leur puberté, prévient le cancer du col de l’utérus chez les filles et pour empêcher la transmission chez les garçons.

Quels sont les facteurs de risque connus associés au cancer pédiatrique ?
● Il y a le facteur génétique : certains cancers pédiatriques peuvent être liés à des mutations génétiques héritées. ● L’exposition à des radiations. ● L’exposition à des substances cancérogènes : l’exposition à certaines substances chimiques telles que les pesticides ou les solvants industriels. ● Les infections : certains cancers pédiatriques sont associés à des infections virales telles que le virus d’Epstein-Barr, qui est lié à certains cas de lymphome de Burkitt. ● Il est important de noter que la plupart des enfants souffrant de cancer n’ont pas de facteurs de risque identifiables et la plupart des cancers pédiatriques surviennent sans cause apparente. La recherche se poursuit pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au cancer pédiatrique et pour identifier les facteurs de risque potentiels.

Quels sont les défis persistants et les opportunités d’amélioration ?
Beaucoup d’enfants mauriciens souffrant de cancers sont envoyés à l’étranger, souvent en Inde, pour au moins une partie de leur prise en charge. Bien que cela soit la meilleure option pour l’instant, nous devrions, dans le futur, avoir l’expertise humaine et technique pour soigner ces enfants à Maurice.

Avez-vous une histoire de réussite ou un exemple donnant l’espoir dans le traitement du cancer pédiatrique ?
Plus de deux tiers des enfants souffrant de cancers vont guérir. Je revois régulièrement des adolescents en consultation, qui ont guéri de leurs cancers pédiatriques et qui mènent une vie normale. C’est un message d’espoir. Le cancer chez l’enfant n’est pas synonyme de mort.

Source: https://lexpress.mu/s/plus-de-deux-tiers-des-enfants-souffrant-de-cancer-vont-guerir-531166